ARCHIVES SECRETES
Griffins. A ce nom on s'attend forcément à ce que je sois comme mon père ou comme mon grand-père : un homme casanier dénué de toute émotion et qui prône l'importance du sang. Helas, pour eux du moins, je ne suis pas comme ça. Je me suis même demandé si la cigogne ne s'était pas trompée de maison. Je suis né avant l'automne, le 2 septembre plus particulièrement, dans le manoir familial. Mon père a refusé tout accouchement à l'extérieur du domicile. Il était fou de joie quand il a su que j'étais un garçon, il me voyait comme un digne héritier. Cet époque est révolu, elle est loin, cette époque où mon père disait qu'il était fier de moi, en fait cela n'a pas duré longtemps...
« Ne fuis pas, ne montre pas que tu as peur. » Comment ne pouvais-je pas avoir peur devant ce renard qui me montrait toutes ses dents et qui avait le poil hérissé ? Je n'avais que cinq ans et je tremblais comme une feuille, assis par terre, incapable de me relever. C'était un dimanche d'automne, ma mère était restée à la maison avec Crystal, ma sœur qui était née il y a presque un an. J'avalais difficilement ma salive, j'avais les larmes aux yeux.
« Tu dois te débrouiller tout seul. Un Griffins ne pleure pas, un Griffins n'a jamais peur. » C'était ce qu'il me disait à chaque fois, dès qu'il en avait l'occasion. Quand je faisais des cauchemars, personne ne venait me border, mon père rentrait juste dans ma chambre pour me dire d'arrêter de pleurer comme une fille et d'être plus courageux. Mes mains touchaient les feuilles orangées et humides. Le renard s'est approché et j'ai reculé.
« Ne recules pas ! » Je l'imaginais déjà me manger tout cru, qu'il ne resterait que les vêtements et que je n'existerai plus. Quand on est rentré, j'étais couvert de blessures, de griffures et j'avais même eu deux morsures, une au niveau du poignet et une au niveau de la jambe. Encore aujourd'hui, j'ai cette trace de morsure, de dents de renard au niveau de mon poignet gauche. Je la caches, comme pour oublier ces mauvais souvenirs. On est rentré et mon père s'est mis en colère devant ma mère :
« C'est une honte pour la famille ! Même pas capable de faire face à un animal sauvage ! Ce n'est qu'un morveux ! Il me fait honte ! » Je tremblais de tout mon corps, mais ce soir-là, personne n'est venu me réconforter, même pas ma mère, et mon grand-père n'a fait que se moquer de moi.
Jamais je n'aurai pensé décevoir d'avantage la famille. Ma lettre pour Poudlard était arrivée en e début d'été. J'étais heureux, mes parents aussi.
« J'espère qu'il ira à Serpentard ! Un Griffins va à Serpentard ! » Avait clamé mon grand-père paternel le soir, au dîner. J'espérais aussi, je voulais tellement leur faire plaisir. Sur le chemin de traverse, ma mère dépensa de l'argent pour toutes les fournitures et quand j'eus touché ma baguette magique j'étais follement heureux. Rien ne pouvait m'enlever cette joie d'aller étudier la magie. En cette veille de mon anniversaire, à la voie 9 3/4, je me sentais remplie d'une immense joie. Mon père me demanda de ne pas fraterniser avec les sang-de-bourbes qui n'étaient pas dignes de la magie et de rester qu'avec des sang-purs. Je n'avais jamais rien compris à cette histoire de sang, mais j'acquiesçai, sans broncher. Sur le chemin, je restais seul dans ma cabine, cela ne me gênait pas, la solitude n'était pas une ennemie. Puis, vint ce moment crucial, ce moment qui a explosé toute ma joie, et qui a fait que mon père m'a haï, définitivement. On m'a mis le choixpeau magique sur la tête. Je pensais à Serpentard très fort, mais rien ne s'est passé comme prévu.
« POUFSOUFFLE ! » Le drame. Aucun membre de la famille n'était allée dans une autre maison que chez les serpents et je sentis alors mes jambes tremblées. Je me suis levé pour rejoindre ma table, j'avais envie de pleurer. Evidemment, je devais annoncer la nouvelle à mes parents. J'ai envoyé une lettre et deux jours plus tard, en plein petit-déjeuner j'ai reçu une beuglante, ou comment se faire remarquer dès l'arrivée :
« COMMENT CA POUFSOUFFLE ?! TU ES DECIDEMENT LA HONTE DE LA FAMILLE THEODORE ! QUAND TU VAS REVENIR A LA MAISON CA VA CHAUFFER ! » La voix de mon père tonna dans toute la grande salle et j'étais au bord des larmes, certains ont rigolé. Ce fut ce jour-là que je rencontrais mon meilleur ami :
« Toi aussi tes parents t'ont passé un savon parce que tu les as fortement déçu ? » Il était comme moi, ça m'a rassuré que ma famille ne soit pas la folle sur terre. J'ai passé les premiers mois avec la boule au ventre à l'idée de rentrer chez moi pour Noël. Les vacances furent longues au manoir, je me pris une sacré correction.
« Ne me parles même plus, ne m'adresse plus la parole ! Tu n'es plus mon fils ! » Mon père a tenu cette parole puisqu'il fit comme si je n'existais pas et mit toutes ses espérances sur Crystal.
« SERPENTARD ! » Voilà, ma sœur avait réussi le passage de la cérémonie de la répartition. Je ne vous explique même pas comment mon père et ma mère furent très fiers d'elle. De toute manière, à chaque fois que je rentrais de Poudlard pendant les vacances ils n'avaient d'yeux que pour elle. Je pensais qu'il aurait été intéressé de savoir que j'allais intégrer l'équipe de Poufsouffle, en quidditch, mais pas du tout. Ils s'en moquaient, en gros je parlais considérablement dans le vide. Je préférais passer mon temps à l'école, au moins je m'étais fais des amis et ce que mes parents ne savaient pas c'était que la plupart de mes amis étaient des sangs-mêlés. Je ne faisais aucune différence avec le sang, je m'en foutais. Si c'était pour devenir aussi con que mon père ou que mon grand-père, autant laissé tomber tout ça. Ma sœur faisait comme si je n'existais pas. On était deux parfaits étrangers. Ah si, elle me parlait que pour me montrer qu'elle était supérieure en tout point :
« Père sera si fier de moi quand il saura que je suis la première de la classe. » « Arrêtes de jouer les fayotes. » « Un crétin comme toi ne peut pas comprendre. Tu es jaloux, tu es nul et tu n'es qu'un crétin. » Voilà. Ma petite sœur adorable était devenue une garce qui se prenait pour la petite princesse car mon père ne voyait qu'en elle. J'avais une folle envie de lui mettre une gifle des fois mais sans doute que cela remontrait aux oreilles du paternel. Elle tourna les talons, comme une fille qui se prenait pour une mannequin et je levais les yeux au ciel. Pathétique.
Mes études se passaient bien, j'étais un élève moyen mais je n'ai jamais eu de problème quand il s'agissait de passer des examens. Je m'étais alors tourné vers la médecine animale. J'étais passionné des animaux, j'avais même acheté à un chat il y a deux ans, tout noir avec une tache blanche autour de l'oeil gauche. Je ne le lâchais jamais, j'en étais carrément gaga. Je pouvais aussi le dire que j'étais tombé amoureux. Elle était tellement jolie, j'adorais son sourire et je craquais littéralement sur elle ; Le gros problème était sans doute qu'elle était une sang-mêlée et que si je le disais à ma famille, je serai banni à tout jamais. Alors, je passais le plus clair de mon temps à l'observer de loin, à la contempler. En disant cela j'ai l'impression de passer pour un pervers, mais non, j'étais complétement obnubilé. C'est sans doute pour ça que je n'ai pas vu ce cognard. Cela faisait déjà quelques années que je pratiquais ce sport mais ce jour-là je l'ai vu dans les tribunes, et pendant aller... les deux minutes où je l'ai observé j'ai pas vu le cognard arrivé sur moi et j'eus la chance de tenter de l'esquiver... trop tard. J'eus le bras fracassé.
« Mais qu'est ce que t'es con ! C'est pas possible ! » Mon meilleur ami était en train de pester tandis que je me tenais le bras pour aller à l'infirmerie.
« Tu regardais quoi pour avoir l'air aussi débile ? » Je ne répondis rien parce que... elle était là. Pas loin, à me regarder et je me suis mis à rougir. Je passais en vitesse, pour ne pas qu'elle me voit d'avantage, mon meilleur ami sur les talons.
« J'ai compris. » « T'as intérêt à la fermer. » « Elle est mignonne. » « Ta gueule. » Il rigola avant de me donner un coup dans le bras et je criais de douleurs.
« Oups. Pardon, j'ai oublié. » « C'est toi qui est con au final.... Elle regarde toujours ? » « Toujours. » « La ferme. » J'étais assis sur le lit de l'infirmerie, en train de boire cette potion dégueulasse.
« Je ne sais pas dans quelle langue il faudrait que je leur dise d'arrêter ce jeu ! » Je passais ma nuit à l'infirmerie. Elle m'avait observé. Elle. Appolinarya.
Jamais je n'aurai cru qu'il me ferait ça. Cela s'est passé il y a cinq mois et franchement je crus que j'allais me mettre furieusement en colère. Je ne connaissais pas cette fille, enfin si de vue puisqu'elle était à Poudlard. Une serpentard. Une fille de bonne famille mais je ne l'aimais pas, et jamais je ne l'aimerai. J'en aimais une autre.
« On a décidé que vous vous marierez ensemble. » Je serrais les poings. Je restais debout dans la salle à manger.
« Assis-toi. » Ma mère avait parlé d'un ton tranchant et je m'étais assis alors que je voulais juste leur dire d'aller se faire voir, que j'aimais une fille et que non elle n'était pas de sang-pur et que je m'en moquais éperdument.
« Tu dois connaître Lucrezia. » Oui je voyais qui s'était et non je n'avais pas envie de la connaître. Je ne répondis rien. Ce qui énervait mon père. Je restais de marbre, aucun sourire, aucun mot charmant.
« Comme tu n'as pas l'air décidé à prendre en mains ta vie sentimentale, nous avons décidé que ce serait mieux et que la pureté du sang resterait telle quelle. » Faites le taire. Mais faites le taire. Mon grand-père paternel souriait. Ils souriaient tous, sauf moi et Lucrezia.
On s'est retrouvé à Poudlard à la rentrée, elle me souriait, me montrant bien que je n'avais pas le choix.
« Qu'est ce que tu veux ? » « C'est comme ça qu'on accueille sa fiancée ? » Elle approchait ses lèvres des miennes pour me donner un baiser mais je la repoussais. Je ne l'aimais pas, je la détestais.
« Il va falloir être un peu plus tactile. » Elle passait ses doigts dans mon cou et je frissonnais. Elle était limite flippante. Elle me faisait flipper. Elle avait ce sourire d'ensorceleuse aux lèvres. Je n'aimais pas ça du tout.
« Merde ! Merde ! » J'avais oublié de me lever. C'était la première fois, je ne savais pas pourquoi j'avais eu du mal à dormir. Sans doute avec toutes ses pensées dans ma tête : j'aimais une fille, mais on m'en fiançait avec une autre. Ces conneries de sang commençaient à m'énerver sévère ! Je courrais en ajustant ma cravate et en tentant de garder l'équilibre. Je n'étais pas très doué pour ça. Ce n'était pas une année à rater. Surtout pas. Je courrais rapidement et je rentrais dans quelqu'un, qui tomba par terre. C'était ma journée.
« Pardon ! Pardon ! » C'est alors que je remarquais, qui j'avais fais tombé. Ce n'était pas possible. Elle grimaçait. Appolinarya. On était dans le même cursus, quand j'avais vu ça, j'avais sauté de joie et depuis mon meilleur ami n'arrêtait pas de me charier.
« Je t'ai fais mal ? Merde, on va être en retard ! » Je détestais ça et surtout que c'était le professeur qui n'aimait pas les retardataires. Je l'aidais à se relever. Je l'entendis me parler, mais j'étais tellement sur mon petit nuage et surtout je pensais qu'à une chose : arrivé pile à l'heure que je n'entendis rien, et j'avais surtout peur de réagir comme un crétin. Parce que c'est ce que j'étais : un crétin. On arrivait... en retard.
« Retenue pour vous deux. Monsieur Griffins, nous n'avons pascours ensemble. » Je m'étais trompé de salle, en plus. Pour une fois, je n'ai rien dit, parce qu'une partie de moi était trop heureux d'être en retenue avec elle. Même si je ne lui ai pas forcément adresser un mot ce soir-là tellement j'étais tendu. En sortant de ma retenue je sentis une main m'aggripée dans un coin avant de voir la tête de Lucrezia :
« Alors c'est vrai ? » « Quoi ? » « Tu l'aimes. » Elle avait ce sourire malsain aux lèvres. Merde. Je n'avais pas pensé à ça, ca avait du se voir quand je l'observais... un peu trop. Elle m'agrippa par ma cravate.
« Si tu crois que je vais te laisser à cette sale sang-mêlée. C'est mal me connaître. S'il y a une chose que je n'accepte pas c'est qu'on me rejète. » Elle avait des flammes dans les yeux.
« Pourtant je te dis rien quand tu fricotes avec un autre mec. Je ne veux pas de ce mariage et toi non plus. » « Sans doute, mais je déteste qu'on me rejète. Tu ferais bien de la surveiller, un accident est si vite arrivé. » Elle me lâcha mais ce fut à moi de l'attraper par le bras.
« Tu n'as intérêt à rien lui faire. » Elle rigola.
« Sinon quoi ? Crétin. »