Arsène,
C’est aujourd’hui qu’ils viennent tous la rencontrer, et si tout se passe bien, ils seront officiellement fiancés. Je n’ai pas envie que cela se passe ainsi, je n’ai pas envie de l’aimer. Tu l’aurais vu, se trémousser dans les couloirs de Poudlard, avec cette sublime bague de famille au doigt, alors qu’elle n’a aucune légitimité pour la porter ! Je lui aurais volontiers arraché aussitôt, si l’idée d’imposer encore plus de honte à mon frère ne m’avait pas fait horreur. Le seul point positif, c’est que ma mère était tellement furieuse qu’elle a, elle aussi, beaucoup d’aprioris sur elle. Un rien pourra mettre le feu aux poudres, et fais moi confiance, je prends l’affaire en main.
Amicalement,
Echo.

C’était sur ces quelques lignes que Echo plia sa lettre soigneusement avant de la déposer délicatement dans le bec fin de sa chouette blanche comme la neige, qui s’envola plus loin en Irlande après avoir reçu une caresse affectueuse. Ses pas l’emmenèrent ensuite vers son miroir, où elle se contempla quelques instants, avant que ses yeux ne soient attirés par la robe que sa mère lui avait acheté pour l’occasion. D’un bleu sombre et élégant, Echo faisait confiance à sa mère pour lui avoir choisi quelque chose qui la mettrait en valeur. Aussi, elle fit glisser sa robe de sorcière traditionnelle pour la laisser tomber au sol afin de revêtir le vêtement soyeux prévu pour l’occasion. « Echo ? Ils commencent à arriver. » Sursautant, la jeune fille répondit à sa mère d’un simple « J’arrive. » Après tout, elle finirait bien par arriver. Elle entendit son frère descendre précipitamment les escaliers, sûrement dans l’espoir d’accueillir sa promise avant que leur mère ne lui tombe dessus. Son autre frère, le plus grand, devait bientôt arriver dans le manoir familial qu’il avait quitté depuis quelques années. Une fois la robe en place, Echo revint devant son miroir, où elle brossa longuement ses cheveux blonds, voulant au maximum retarder son départ. De petits coups secs vinrent frapper à sa porte, qui s’ouvrit lentement, à l’image de l’hésitation apeurée de l’elfe de maison qui l’ouvrait. « La maîtresse madame Isadora envoie Machin voir où en est mademoiselle Echo, et s’il peut l’aider. » Etrangement, Echo avait toujours eu une affection certaine pour l’elfe, qu’elle trouvait attachant, et son manque d’assurance lui donnait envie de le protéger. « Tu peux mettre ma robe au nettoyage, je descends dans une minute. » Aussitôt, l’elfe se précipita vers le vêtement posé négligemment sur le sol, et le tint comme s’il s’agissait d’un objet d’une grande valeur avant de sortir avec, l’air heureux de ne pas s’être pris de coup. Après un dernier passage devant son miroir, Echo finit par accepter le fait qu’elle n’avait plus le choix, elle devait descendre.

Lorsqu’Echo posa le pied au rez-de-chaussée du manoir, elle fut soulagée de ne pas voir l’intruse. Elle alla d’abord saluer ses cousins et sa cousine, le plus grand de Gryffondor, et les jumeaux, ses compatriotes de Serpentard. Elle adorait ses cousins, et se moquait bien de leur maison. Ensuite, elle vit leurs parents, Elladora et Gideon, tous deux Kepingski de sang, deux cousins qui avaient fini par se passer la bague au doigt, pour la plus grande joie de toute la famille. Ensuite, elle passa à son autre tante, Opale, en compagnie de son époux et de leur fils. L’absence de la deuxième sœur de sa mère, Callidora, n’avait pour Echo rien d’étonnant, puisqu’en se mariant avec un sang-mêlé, elle avait renoncé à toute reconnaissance au sein de la famille, et Echo ignorait même si elle avait des cousins de ce côté là. Finalement, elle rejoignit son frère et ses parents, à l’écart. « Regarde ta sœur, une vraie sang pur, magnifique ! » Echo sourit, même si elle savait que la véritable intention de sa mère n’était pas de la complimenter, mais bien de montrer que pour elle, la promise de Jorys n’était sans doute pas à la hauteur. Ce fut le moment que ladite promise choisit pour arriver, et dès qu’elle mis un pied dans le manoir, toutes les conversations s’arrêtèrent. « Euh.. Bonjour ? » Le sourire d’Echo s’élargit malgré elle. « Je vous présente Acantha, ma fiancée. » Jorys tentait ainsi de relancer les conversations, mais Echo savait parfaitement comment agir, elle savait ce que sa mère attendait d’elle, par le simple regard qu’elle posait sur l’intruse. « Je te souhaite le bonjour, Acantha, quel plaisir de faire ta connaissance. » Cette perche qu’elle tendait à sa mère, elle était certaine qu’elle allait la saisir. « Voilà comment salut une jeune fille de bonne famille, où avez-vous été élevée ? » Isadora avança vers la jeune femme, voulant l’intimider. « Au XXIe siècle. » Echo entendit sa tante Elladora étouffer un gloussement dans sa main, et elle lança un regard accusateur à son frère. S’il laissait sa fiancée parler ainsi à sa mère, il pouvait être sûr qu’elle ne le resterait pas longtemps. « Viens, Jorys, je dois te montrer ce que l’on a prévu pour le mariage dans le jardin. » Piètre excuse, mais personne n’était dupe sur les véritables intentions d’Echo, ils la connaissaient trop bien. Elle pris le bras de son frère dans le sien et l’emmena dans le jardin, sous le regard soucieux de sa fiancée. « Je ne vois rien. » Echo lui sourit, en s’arrêtant. « C’est normal, c’est parce qu’il n’y aura pas de mariage, personne ne veut d’elle dans la famille, à part toi. » A son grand étonnement, son frère éclata de rire. « C’est suffisant pour moi. » Commençant à s’énerver, Echo sentit avec agacement des larmes gagner ses yeux. « Tu seras déshérité si tu fais cela ! » Et ça, elle ne le voulait pour rien au monde. « Son sang est pur, qu’est-ce qu’ils leur faut de plus ? » La réponse à cela, Echo le savait depuis des années, c’était ce qu’ils leur fallait aussi de Echo, de Jorys, de tout le monde. « Qu’elle se taise et accepte tout. » Jorys sembla se calmer instantanément. « C’est parce qu’elle ne le fait pas que je l’ai choisi, c’est parce que je ne veux plus le faire, et tu ne devrais plus non plus. Aide-moi, ne les laisse pas toujours gagner. » Mais avant que Echo n’ai pu répondre, des pas se firent à nouveau entendre. « Et alors, vous faites bande à part ? » C’était leur autre frère, qui arrivait enfin, mettant ainsi fin à leur conversation. Jorys pris Echo par les épaules. « Tu y réfléchiras, d’accord ? Ne la juge pas trop vite. » Elle acquiesça, perdue, et tout deux allèrent rejoindre leur autre frère, pour affronter ensemble la soirée.