Ettie Moriarty s'installa à la table des poufsouffle, à quelques pas de sa sœur cadette. Annie grinça des dents. Pourquoi ? C’était injuste. Elle était lasse d’avoir sa sœur dans les pattes.  Le choixpeau magique avait décidé de les envoyés dans la même maison, est-ce que même ce maudit débris ressemblant à peine à un chapeau avait décidé de lui pourrir la vie. Ettie, aurait du être dans une autre maison. Ettie, n'aurait même pas du être à Poudlard. Ses parents étaient tous les deux des moldus, alors que sa mère à elle avait été une sorcière. Poudlard aurait dû être ce petit quelque chose qui la rendait particulière, mais non Ettie avait ça aussi, Ettie lui prenait tout. Poudlard aurait du être ce coin, loin de cette famille qui semblait n’être qu’à peine la sienne. Ettie lui avait pris cet endroit, elle lui avait pris cette particularité qu’elle chérissait tant et elle ne le méritait pas. C’était injuste, elle ne méritait pas sa place ici. Ça lui tombait comme ça, tout cuit dans le bec, sans qu’elle n’ait rien à faire. Annie elle, c’était dans son sang, dans son héritage, celui d’une mère qu’elle avait perdu. Une mère qui n’était pas là pour lui expliquait ce que serait sa vie. Une mère qui ne l’avait que très peu bercée, une mère dont elle ne se souvenait même pas. Il n’y avait ni le son de sa voix, ni son sourire dans ses souvenirs. Elle avait quelques photos, mais rien de plus. Elle était une sorcière, comme cette mère qui lui manquait tant. C’était elle la sorcière de la famille. Mais non Ettie lui avait pris ça. Elle lui avait déjà pris son père, son espace vital, sa famille qui était brisée sans sa mère. Elle lui avait tout pris et elle n’avait même pas été fichue de lui laisser ça. Elle la détestait et il fallait que le choixpeau ait décidé de la lui coller au quotidien dans la même maison. Pourquoi ? Est-ce qu’il avait ressenti le besoin de la pousser à se rappeler, jour après jour qu'Ettie avait tout ce qu’elle aurait voulu avoir, mais tout ce qu’elle ne pourrait jamais avoir ? Elle avait encore sa mère et son père elle, là où elle, elle n’avait plus qu’un père qui semblait presque plus attentif avec Ettie qu’avec elle. On lui avait déjà bien souvent dit qu’elle serait mieux chez les serpentard, qu’elle n’était qu’une sale vipère ; elle aurait voulu en cet instant, être chez les serpentards. Loin de sa sœur. Mais non, le choixpeau avait vu en elle une fille travailleuse, mais pas assez intelligente pour finir chez Serdaigle, il avait vu une femme loyale, sans doute à cause de son attachement sans faille aux souvenirs de sa mère. Mais il n’avait pas vu la ruse des serpentards, ni le courage des gryffondors, alors elle était là, à poufsouffle ; avec sa maudite sœur. Elle ne prit même pas le temps de lui adresser un regard, elle n’en valait pas la peine. « Voilà la deuxième Moriarty, j'ai toujours du mal à réaliser que vous êtes soeur » Le coude sur la table, le poing contre la joue, la blonde laissa échapper un sourire parfaitement audible. Non, ça ne se voyait pas qu'elles étaient sœurs, elles n'avaient pas la même mère et leurs différences ethniques très marquées leur venait de là.  « Demi-sœurs. » Elle insista sur le demi, qui semblait important à ses yeux. « C'est cool d'avoir des frangins. » La blonde leva les yeux au ciel avant de poser un regard agacé sur son camarade. « Tu serais ce qui serait vraiment cool ? Que tu gardes tes commentaires pour toi. Ça changerait pour une fois. » Elle ne savait même pas pourquoi il lui parlait, ils n’étaient même pas amis après tout. Il haussa les sourcils l’ait légèrement choqué. Il s’attendait à quoi ? C’était à Annie Moriarty qu’il venait de s’adresser. Elle avait une certaine réputation à Poudlard. On avait déjà entendu parler d'Annie Moriarty. Elle était cette fille en quête de popularité et elle était déjà en bonne voie. Poudlard se souviendrait d'Annie Moriarty c’était certain. Ettie, elle ne serait qu’un nom dans son ombre. S’il y avait bien quelque chose qu’elle ne lui volerait pas – et elle s’en faisait déjà la promesse – c’était sa popularité. Il y en avait marre qu’elle ait toujours plus qu’elle. Mais là, à Poudlard, c’était terminé.

« C’est bientôt la rentrée, tu as tout ce qu'il te faut Annie ? » Un soupire passa le seuil des lèvres de la blonde. Pourquoi est-ce qu’elle lui parlait ? Aussi loin qu’elle se souvienne Annie avait toujours eu des relations tendues avec sa belle mère. Elle l’avait clamé un grand nombre de fois, cette femme n’était pas et ne serait jamais sa mère. Aujourd’hui elle maudissait cette gourdasse plus que jamais. Tout autant qu’elle maudissait son père et son comportement stupide ; sa sœur cadette et ce don qu’elle avait de tout obtenir sans jamais rien mériter. Sa famille à elle, elle était brisée par la mort de sa mère. Annie ne l’avait jamais connue, mais elle avait toujours su qu’elle s’était suicidée. Pourquoi est-ce qu’elle avait choisi un tel sort alors qu’elle venait d’avoir une fille ? Est-ce qu’elle ne suffisait pas à son bonheur ? Seconde question avec laquelle elle avait grandi, pourquoi son père s’était si rapidement remis avec quelqu’un d’autre ? Sa sœur était plus vieille qu'elle, mais plus jeune que le mariage qui avait unie sa mère et son père. Elle n’avait jamais compris avant aujourd’hui, elle n'avait jamais vraiment connu les détails su mariage de ses parents, son père n'en parlait pas et sa mère était morte. Fouineuse comme elle était, elle s’était faufilée dans le bureau de son père et elle l’avait trouvée. Une lettre, encore fermée sans doute qu’il ne l’avait même pas lue – elle était persuadée qu’il ne l’avait pas lue, sinon il l’aurait probablement brûlée. Cette lettre expliquait pourquoi sa mère s’était suicidée. Elle s’excusait de sa faiblesse et elle accusait son époux pour lui avoir ôtée l’envie de vivre. Annie avait grandi en connaissant les soucis de sa mère, elle avait enchainé plusieurs dépressions au cours de sa vie. On lui avait raconté qu’elle avait retrouvé le bonheur quand elle avait rencontré l’homme qu’elle avait épousé. Elle avait cru en ce bonheur, en cette pente qu’elle remontait enfin. Mais il l’avait poussée du haut de la falaise. Ettie était le résultat d'un adultère qu'il avait entretenu au fil des années. Il avait craché sur le bonheur de sa mère, il avait brisé son cœur fragile et elle avait baissé les bras, trop faible pour se relever une nouvelle fois. Ettie était le fruit d’un adultère qui avait fini en mariage. Peut-être qu’il n’avait pas supporté toute cette histoire de magie qui tournait autour de son ex-femme, alors il avait jugé bon de renouer avec le monde de la magie. Quoi que soit la raison, elle le maudissait pour ses choix. Pour cette belle famille qu’il avait reconstruite malgré la mort de son épouse. Il était égoïste et sa nouvelle femme n’était qu’une trainée qui avait brisé bien plus qu’un mariage. Annie planta sa fourchette dans sa part de gâteau  avant de relever les yeux vers sa belle-mère. « Non, il me manque ma mère. » Sa fourchette en main, elle fronça les sourcils, regarda un court instant le plafond, faisant mine de réfléchir avant de reposer un regard noir son interlocutrice. « Oh Attends, elle s’est suicidée pendant tu te tapais mon père. » Elle avala son morceau de gâteau sous le regard perplexe de sa belle-mère. Elle entendit un soupire de son père dans son dos, mais elle n’y prêta pas attention. « Annie ! » Elle leva les yeux au ciel. « Tu as plutôt intérêt à t’excuser. » Dans un soupire, elle laissa tomber bruyamment sa fourchette dans son assiette. Elle n’avait pas terminé sa part de gâteau et elle n’avait pas l’intention de ranger de ce qu’elle laissa trainer. « Est-ce que tu t’es excusé auprès de ma mère ? » Elle se leva avant de plaquer la lettre contre le torse de son père. Il attrapa le papier et elle s’empressa de disparaitre dans sa chambre. Elle ne s’excuserait pas, c’était certain. Tous les deux, ils ne le méritaient pas. C’était à elle qu’on devrait des excuses, ils l’avaient privé de sa mère en se comportant comme deux imbéciles. Le soir, l’ambiance au dîner fut tendue, bien que l’innocente Ettie qui n’était au courant de rien ait, à maintes reprises essayer de faire changer les choses. Elle avait parlé, inlassablement, insupportable femme avec une voix agaçante qui ne se rendait même pas compte d’à quel point elle était insupportable. Elle lui avait tout volé et pour ça, Annie serait sans doute bien incapable de lui pardonner. Le pardon semblait ne pas être dans ses cordes.