LIONHEART & SMALL BROKEN CROWN

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Chère anonyme,
Écrire pour l'inconnue a quelque chose de particulièrement excitant ! Surtout, ne prends pas cela pour une allusion inadaptée. Ce que je veux dire, c'est que le goût du risque fait grimper l'excitation en moi. Je suis content d'avoir quelqu'un à qui me confier, sincèrement. Si tu savais comme j'en ai besoin. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mort de ma sœur. Elle nous a quitté si brutalement, que je n'arrive pas à m'en remettre encore. Mes amis pensent que j'ai surmonté cette épreuve, mais c'est faux. La vérité est que je suis piégé entre deux univers. Le passé que j'ai peur de quitter car je devrais dire adieu à ma sœur définitivement et le présent où je veux m'y donner corps et âme. Un dilemme intérieur auquel je ne saurai répondre. Aujourd'hui, le ciel est gris et une pluie fine frappe notre école. Je te mentirai si je te disais que je ne cherche pas à mettre un visage sur celle qui m'écrit depuis déjà, quelques semaines. Néanmoins, si je connaissais ton identité, je crois que la magie disparaîtrait, ainsi que cette complicité atypique que nous avons réussi à nouer. J'y tiens vraiment car je peux enfin me livrer sans craindre le regard d'un autre. Oh, tu as vu la victoire des Flèches d'Appleby sur les Canons de Chudley, samedi dernier ? J'étais persuadé que Fawley allait avoir le vif avant Adams, finalement, j'avais tord. Je te dois une chocogrenouille, tu avais raison. Tu es plus futée que moi, mais je me sens à ton égal, j'espère que tu ne me trouves pas égocentrique et mégalomane, mais je suis content de te parler, tout simplement. J'ai envie de croire que notre échange ne s'arrêta pas, qu'il continuera toujours, mais c'est une douce utopie et j'en suis conscience car j'ignore en quelle année tu es. Si cela se trouve, tu vis ta dernière année au château, alors j'aimerai que nous en profitions, quoiqu'il arrive, que chaque lettre soit comme la dernière, pour la dévorer et s'en imprégner comme on respire la vie. Oui, chère inconnue, tu me donnes envie de vivre et c'est un formidable cadeau.

Affectueusement,
l'inconnu.

DE GRANDS ESPOIRS ❃ les deux sorciers se dépêchaient de courir sous une pluie battante. Les cheveux humides, quelques mèches leur collaient au front, mais un sourire enjoué illuminait leurs visages. Ils se sentaient pousser des ailes, du haut de leur dix et huit ans. Ils ne faisaient qu'un, même si deux années les séparer, Lorcan était lié à sa sœur Arya et ceci pour toujours. Le garçon sauta par dessus une flaque d'eau et tendit la main pour aider Arya à faire de même. Ensemble, ils entrèrent par la porte de la cuisine dans la vieille maison familiale des Johnson. Leur mère était là, devant les fourneaux. Elle surveillait la cuisson d'une tarte aux pommes avec attention.  « Maman, j'ai faim » lança le garçon en reniflant l'air. Ses sens étaient soudainement en éveil.  « Maman, maman, moi aussi » ajouta Arya en laissant ses cheveux dégouliner. Malani observa ses deux enfants et leva les yeux au ciel. Les sermonner parce qu'ils jouaient dans cette vieille grange n'aurait servi à rien, ils y retourneraient encore. La sorcière se contenta de leur tendre deux serviettes avant de les servir de cette délicieuse tarte. Lorcan dévora littéralement sa part et en vola même un morceau à sa sœur qui lui lança un regard assassin. Entre rires et réprimandes, la discussion changea rapidement d'axe.  « Si ça se trouve, le Choixpeau ne te trouvera aucune maison » lança Arya en haussant les épaules, ses lèvres étaient pleines de chocolat car elle venait d'avaler un fondant du chaudron.  « Arya, ne dis pas des choses comme ça à ton frère » répliqua Malani en observant sa fille. Elle savait que son fils était inquiet, qu'il ne cessait de penser à sa prochaine rentrée et au moment où ce chapeau serait sur son front. Lorcan plissa les yeux et jugea sa cadette du regard avant de s'adoucir. Et si elle avait raison ? Et si le petit sorcier ne trouvait jamais sa place dans ce bas monde ? Les yeux baissés sur son assiette vide, Lorcan observait ses mains. Il serrait ses poings fermement, incapable de dire pourquoi. Une énergie soudaine prenait possession de lui. Il avait forcément sa place, oui, il en était persuadé.

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Silence dans le grand hall. Un silence complet qui rendait fou Lorcan. Les yeux légèrement levés vers cette ombre qui masquait sa vision, le chapeau était beaucoup trop grand pour lui et en plus, il ne se décidait pas à lui souffler dans quelle maison il allait l'envoyer. Le jeune apprenti sorcier serrait de ses petits doigts le tabouret sur lequel il se tenait. Il se mordillait la lèvre avec férocité et cessa en sentant une pointe de douleur naître. Il n'en pouvait plus, il avait besoin que le verdict tombe, que le glas soit annoncé pour découvrir son destin. Son regard se posa sur la pièce, tous les yeux ou presque des sorciers étaient braqués sur lui. Il aimait qu'on lui prête de l'intention certes, mais tout de même. Être sur le devant de la scène de cette façon n'était pas sa tasse de thé. Ses yeux se posèrent sur la table des lions. Oui, c'est là qu'il voulait être, c'est là qu'était sa place, il le sentait, du plus profond de son être. C'est à ce moment là que le vieux chapeau décida de rendre son verdict et tonna d'une voix claire, mais également enrouée « GRYFFONDOR ! » Le souffle coupé, Lorcan expira profondément, il sentit son pouls reprendre un rythme normal après une pression importante. On lui retira le chapeau et d'un geste, il sauta de ce tabouret maudit. Il ne se retourna pas, il fonça vers la table qui était désormais sienne, comme la maison. Il entendit des clameurs, des applaudissements et compris. Il était chez lui.

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« Ce n'est pas très prudent, Lorcan » lança la voix malicieuse de la petite sorcière à la chevelure rousse éclatante. L'intéressé tourna vivement la tête vers la source de cette affirmation. « Atarah... » souffla-t-il, rassuré. Atarah Black était une élève de première année, Lorcan avait entamé sa seconde année, mais les deux sorciers étaient inséparables depuis plusieurs semaines. Une véritable complicité était née entre eux deux dès le voyage dans le train. Depuis, ils  ne se quittaient plus. Ils partageaient la même maison, celle des lions au cœur d'or et une passion commune pour le Quidditch, mais pas que. Ils étaient aussi deux comparses, deux aventuriers qui s'étaient donnés pour objectif de devenir le plus fort duo d'aurors dans un avenir lointain. Pour cela, ils parcouraient les couloirs du château dès que possible, comme ce soir. Le couvre feu avait été annoncé, mais Lorcan comptait sortir et visiter l'ancienne salle de classe de métamorphose, au troisième étage. « C'est encore moins prudent pour une première année » lança enfin Lorcan en rangeant sa baguette sous sa cape. « En première année, mais bien meilleur que toi en sortilèges » répliqua la sorcière visiblement piquée au vif. Lorcan la jugea du regard avant de sourire. Le nier aurait été mentir et son amie était vraiment très forte, meilleure élève que lui malgré leur année de différence. « D'accord, tu peux venir » Un grand sourire se dessina sur les lèvres de la sorcière qui attrapa le bras du super, toute heureuse. « Bien ! Où allons-nous ? » « Dans la vieille salle de métamorphose, il faut percer son secret ! » Quand Lorcan ouvrit la porte qui n'était pas verrouillée, il avança à pas de loup dans la pièce, éclairé par le sortilège lumos de son amie. La salle semblait vide, sans aucun mystère. « Il n'y a rien ici » lança la sorcière en posant ses mains sur ses hanches. « Ne sois pas si hâtive » le conseilla Lorcan en approchant du bureau. Il sentit l'adrénaline grimper en lui quand il ouvrit un tiroir, il pensait trouver un monstre, un petit dragon, mais rien. Apparemment, son amie avait raison. C'est alors qu'un vieux libre tomba d'une étagère poussiéreuse. Les deux sorciers pointèrent leurs baguettes respectives vers la source du bruit. « Qui va là ! » s'exclama Lorcan. Aucune raison. A la place, une ruée d'une dizaine de lutins de Cornouailles se mit à sortir d'un petit trou dans le mur. Ils foncèrent sur les deux complices avec toute la malice dont ils savaient faire preuve. « Ah ! Lorcan, il faut attaquer ! » « Oui ! Flipendo ! » rugit-il. Ce n'étaient que des créatures taquins, pas des dragons, mais aux yeux des enfants, ils étaient bien plus.

PLUS DUR SERA LA CHUTE ❃ la respiration était saccadée et Lorcan sentait une pointe de douleur naître au niveau de la chute de ses reins. Il était épuisé, il courrait tellement vite, ses jambes le portaient plus loin que d'ordinaire et pourtant, il n'en pouvait plus. Il serrait fermement sa baguette dans sa main droite et tourna la tête pour balayer le sentier du regard. La bête semblait avoir disparu, ils l'avaient semé. Arya se trouvait près de son frère. Âgé de quinze ans, elle était devenue une ravissante et talentueuse sorcière. « On l'a semé ? » demanda Arya en reprenant son souffle. « Je crois... » répondit faiblement Lorcan, ses sens toujours en alerte. Il s'agissait d'un loup-garou. Les deux enfants du couple Johnson avaient pour habitude de travers le champs derrière la vieille grange puis de suivre un petit sentier dans un bosquet pour arriver devant un étang où ils chassaient des gnomes. Ce jour-là, l'étang était bien silencieux. Une silhouette humaine avait attiré leur attention, ils l'avaient reconnu. Il s'agissait de Ethan Crowley, le fils de leur voisin cracmol. Quand le cracmol avait tourna la tête vers eux, ils avaient remarqué son corps difforme, en pleine mutation. Des griffes avaient poussé à la place des ongles et l'individu mutait doucement et sûrement en une monstrueuse créature, un loup-garou. Sans attendre, les deux sorciers avaient décidé de prendre la fuite et de courir aussi vite que possible vers chez eux. « Rentrons » lança Lorcan en quittant le sorcier. Désormais, un champs de blé les séparait de la grange et de leur maisonnée d'où de la fumée grise sortait de la cheminée. C'est à ce moment là que l'ombre de la bête sortir des bois et fonça sur eux. Tout se passa si vite. Lorcan avait à peine eu le temps d'envoyer un charme du bouclier que la créature avait bondit sur Arya. Sa sœur avait poussé un cri déchirant et un filet de sang avait entaché les blés et le paysage.

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Ouvrir les yeux ? Impossible. Lorcan ne arrivait pas et il n'y tenait pas. Il entendait le petit bruit d'un chariot lointain, les sanglots de sa mère. Il savait parfaitement où il était, à l'hôpital et dans une chambre sinistre. Sa dernière pensée était sa sœur qui se faisait écraser sous le poids de l'animal. Il n'y avait rien d'autre, l'animal l'avait envoyé avec force au sol, l'assommant sur le moment. Arya n'avait pas survécu et Lorcan n'avait pas besoin d'ouvrir les yeux pour qu'on lui dise, il sentait un vide en lui, une partie manquante qu'on lui avait brutalement arraché. Il serrait en silence les pans de sa couverture et une larme se mit à serpenter le long de sa tempe pour disparaître dans le creux de son oreille. Il restait allonger, tétaniser par ce souvenir. Arya était plus qu'une sœur, c'était son double, celle à qui il pouvait se livrer et tout le monde à l'école connaissait la complicité des Johnson. La perdre était bien plus qu'un déchirement. L'attention de Lorcan changea, il entendit la porte s'ouvrir et la voix grave de son père dans la pièce. « Malani, chérie... Viens, ta mère est là. » la sorcière ne répondit pas, elle ravala ses sanglots et se leva pour sortir. Aucun bruit, Lorcan était désormais seul dans la pièce. Enfin, il ouvrit les yeux, mais les referma sitôt. La lumière lui était étrangère et il sentit ses yeux le brûler. Après quelques minutes d'habitude, il distinguait clairement la pièce. Il y avait ce lit de blanc maculé sur lequel il était allongé, son bras était entouré d'un bandage serré. Avait-il été mordu ? Etait-il le fruit d'un monstre qui avait ôté la vie de Arya ? D'un geste, Lorcan ôta le tout et remarqua qu'il s’agissait d'une coupure, sûrement faite lors de sa chute sur un rocher tranchant. Il soupira avant de sentir la rage naître au creux de son estomac. Dans un instant de colère pure et dure, il se leva et envoya contre le mur, sa table de chevet, une lampe et plusieurs bouquets de fleurs qu'il avait reçu. Le bruit attira l'attention des médicomages qui entrèrent et le saisir à trois avant de murmurer des incantations pour le calmer, mais rien n'y faisait. Lorcan hurlait un nom, Arya, il hurlait pourquoi, pourquoi elle, pourquoi eux, pourquoi elle était partie. Pourquoi ?

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« un cognard fonce sur miss McKintyre, mais non ! Johnson le renvoi sur Burrows qui dérive avec son balai ! Excellent coup du batteur de l'équipe de Gryffondor qui permet à ses coéquipiers de marquer ! » lança la voix du commentateur. D'une main, Lorcan tenait sa batte et de l'autre, le manche de son balai, un nimbus. Il leva sa main avec sa batte dans les airs, appréciant les acclamations de la foule avant de repartir sur le terrain et dans le jeu. Ce jour là, Gryffondor avait gagné de quelques points devant Poufsouffle, mais c'était un jour plus important qu'une simple victoire pour Lorcan. Il ne faisait pas la fête avec le reste des élèves de sa maison, il était en retrait sur les marches de l'escalier, près de la grosse dame qui chuchotait un air désagréable. Son regard était fixé sur une médaille qui appartenait à Arya. La chaîne était en argent, simple et au bout, on voyait un petit médaillon où se trouvait inscrit, les initiales de Arya frappée d'une tête d'hippogriffe, le symbole de sa famille, l'animal emblématique. C'était tout ce à quoi Lorcan pouvait se raccrocher et il cachait ce bien plus précieux que sa vie sous son haut. Il rangea la chaîne et ferma les yeux. « Si j'ai gagné ce soir, c'est grâce à toi, merci » murmura-t-il avant de se redresser. Malgré les quatre années écoulaient, le sorcier n'avait pas réussi à surmonter sa peine. Il souriait devant tout le monde, n'en était pas moins extravagant, mais le souvenir de Arya le poursuivait partout où il allait. Son esprit n'était pas apaisé ou à des moments trop rares. Parfois, il avait grand besoin de se retrouver seul pour méditer et se souvenir de cette fille qui partageait bien plus que son sang, sa vie. De retour dans la salle commune, le sorcier sauta sur la table et d'un air enjoué, chanta une chanson à la gloire des lions aux ailes d'or. Tenir bon, faire bonne impression dans un monde où les illusions sont omniprésentes, voilà à quel destin il était confronté.

Belle inconnue qui hante mes songes,
Ma missive sera courte ce soir, mais je crois que conserver le mystère est un élément puissant et fort de ce lien que nous tissons jour après jour. Je ne saurai expliqué ce besoin que j'ai eu un jour de m'emparer de ce livre sur l'étude des runes et d'y glisser une courte lettre. Je crois que je cherchais une oreille attentive à mes douleurs cachées, à ce jeu d'apparence auquel je me donne chaque jour. J'aimerai t'offrir le même réconfort que tu me procure à chaque lecture de tes mots, concis et tendres. Si tu savais l'onde de bonheur qui prend possession de moi dès que je découvre une lettre glissée entre ses pages jaunis, j'ai l'impression de revivre. Je te fais la promesse que si nous devons cesser un jour cet échange si prenant, cela sera dans les coutumes de l'art. Je te laisse ce court mot, il est bien tôt et j'ai un cours qui m'attend, j'ai l'esprit fatigué par quelques festivités que j'ai faites la nuit dernière.

En attendant de pouvoir te lire à nouveau, prends soin de toi.
Ton noble inconnu.